E
X P O S I T I O N
L'homme
descend du songe
Jean-Claude
Loubières
Espace
artistique
/
Médiathèque du Pays de Lourdes /
Du
22 décembre au 28 janvier 2012
Vernissage
le jeudi 22 décembre -19H-
Certains
d'entre nous ne sont pas satisfaits de leur environnement urbain
immédiat et tentent de le modifier en intervenant de façon
concrète: ainsi certains choisissent d'écrire sur les murs de nos
villes. On voit apparaître alors des écrits militants en grandes
lettres directement sorties de bombes aérosol de peinture, d'autres
qui prennent la forme de pochoirs plus ou moins élaborés.
D'autres
s'en prennent à la signalétique institutionnelle- les panneaux
routiers ou les placards publicitaires- pour la détourner ou la
masquer partiellement.
Ces
interventions sont éphémères aussi certains préfèrent accumuler
des collections d'objets fabriqués artisanalement ou produits par
l'industrie. Ces collections montrées dans l'espace privé doivent
toutefois être vues depuis l'espace public. Elles rassemblent des
sujets plus ou moins grands qui font référence à un patrimoine
partagé par le plus grand nombre: nains de jardins, volumes
gonflables figurant des personnages de dessins animés, des
personnages des contes enfantins ou issus de l'imagerie de noël.
Ces
deux attitudes semblent être des actes de résistance face à la
banalisation grandissante de nos paysages urbains
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La
lettre devient image, l’image devient signe
Jean-Claude
Loubières est un artiste discret et intuitif, un glaneur du
quotidien. A l’origine, il est sculpteur, il crée des pièces
modulables, des emboîtages, et décline de nombreux matériaux :
tôles émaillées, paraffine, bois, céramique et caoutchouc. C’est
avec une même liberté et dans un même esprit ludique que depuis
quelques années Jean-Claude Loubières privilégie un autre support
: le livre. Objet nomade, devenu presque anodin au fil du temps, le
livre a toujours été un espace de création plastique. Il est un
support, un objet à transformer, une contrainte avec laquelle
composer. Cet objet fini et défini par une couverture, des pages que
l’on peut tourner et par la lecture que l’on peut en faire, offre
d’innombrables possibilités pour un plasticien. Jean-Claude
Loubières ne se contente pas d’opter pour une manière de faire
mais interroge cet objet et ses usages.
La
relation texte-image, le format, la reliure, le choix du papier, les
matériaux, le graphisme, la typographie, le dessin : il jongle avec
les codes du livre et de l’art, s’en empare ou s’en détache
pour chercher ailleurs d’autres signes, d’autres moyens d’aboutir
à une narration. Ne peut-on pas écrire et lire avec autre chose que
des mots ?
Entre
la bibliophilie contemporaine et ses livres précieux à manipuler
avec des gants blancs et le livre d’artistes à grand tirage tel
qu’il est apparu aux Etats-Unis à la fin du 20ème siècle,
Jean-Claude Loubières n’a pas choisi son camp. Il est dans un
intermédiaire, difficilement réductible à une attitude. Le
contrôle global du projet est important, même s’il peut naître
d’une rencontre avec un auteur, un éditeur, un autre artiste, une
vidéo. La conception et la réalisation sont liées et lui sont
personnelles. S’il rencontre un texte, il l’accompagne d’images
ou de dessins, chemine à ses cotés, mais ne l’illustre pas. Une
fois les livres terminés, aucun souci maniaque ne les accompagne :
ils peuvent être manipulés, lus, ils doivent bouger, voyager,
respirer. Cette frontière ténue entre la lettre, l’image et le
signe, l’artiste la place au centre de ses préoccupations. Il
collecte des symboles, les organise, invente des fictions, joue avec
nos représentations. Ses Portraits de famille convoquent de nombreux
codes visuels qui renvoient aussi bien au collectif qu’à
l’individuel.
Alors,
livre d’art ou œuvre d’art à part entière ? A en voir la liste
des collectionneurs de l’artiste - de petites ou grandes
bibliothèques, des musées prestigieux, des particuliers - il est
évident que la question est au cœur du travail qui interroge ces
définitions et n’impose pas de faire un choix. Roland Breucker*,
qualifie ses livres de “ jouet philosophique ”. Devant la
bibliothèque suspendue, les amateurs penseront au Ready Made
Malheureux imaginé par Marcel Duchamp en 1919 . Un cadeau de mariage
qu’il fit à sa sœur : une lettre lui demandant “ d’accrocher
un manuel de géométrie sur son balcon de sorte que le vent tourne
les pages et choisisse les problèmes que le temps se chargerait de
résoudre” … On pense qu’il n’est pas très orthodoxe de
suspendre des livres le temps d’une exposition, qu’ils vont subir
des aléas, Jean-Claude Loubières s’en amuse : ses livres vivent
leur vie. Avant d’avoir vu l’œuvre, on l’imagine. Une forêt
de signes dans laquelle circuler ensemble, une interrogation de
l’acte de lire, traditionnellement solitaire et intime.
A
côté de ces préoccupations autour de l’objet, de la
représentation ou de la durée, subsiste chez Jean-Claude Loubières
la persistance d’un goût très sérieux pour le jeu.
*
dessinateur belge avec qui J-C Loubières a édité le livre “
Aphorismes gourmands “ Géraldine Reynier 2007